mardi 10 mars 2009

시작

 = Chijak, début.

Les multiples turbulences se sont estompées depuis un bon quart d'heure maintenant. Cela m'a quelque peu gâché mon 3e repas de l'ensemble du voyage. Mais bon, m'étant retrouvé en buisness sans avoir rien demandé à personne je ne vais pas me plaindre. Je jette un ennième coup d'oeil par le hublot, ça y est, au milieu de la mer se dessine un pont, puis un rivage. J'apperçois maintenant l'île artificielle sur laquelle l'aéroport d'Incheon a été bâti. L'avion se pose sans encombre, nous en sortons et nous dirigeons vers le service d'immigration. Je montre mon visa à l'officière, qui le passe une fois au scanner, met ses deux coups de tampons de circonstances et me laisse pénétrer en territoire coréen non sans m'avoir fait un joli sourire. Le contraste avec le service d'immigration chinois est immédiat. En effet, le fossé est particulièrement prononcé entre cette charmante dame et l'officier chinois qui m'a laissé passer du bout des lèvres après avoir passé mon passeport au scanner 5 ou 6 fois, m'avoir dévisagé trois fois pendant 10 sec à chaque fois, et provoqué des torrents de sueurs froides dans mon dos en me demandant mon boarding pass pour Francfort-Pékin, alors que j'étais persuadé de l'avoir jeté 10 minutes avant en allant aux toilettes ! J'essaye de lui dire en anglais que je ne l'ai plus, il me le redemandera dix fois avant de soit se décourager, soit comprendre, je ne sais pas trop au final. Dieu merci, ce fût sans conséquences. 

Bref je sors de la zone d'arrivée des bagages avec ma valise bien en main (oui, oui, Gad Elmaleh a tort de se moquer, c'est un vrai soulagement, peut-être pas dans le cas général, mais quand on sait qu'il y a un transfert dans un pays où les gens ne parlent pas votre langue et que vous n'avez aucun moyen de vérifier que vos bagages vous suivent bien dans le bon avion avant d'arriver encore 1000 ou 2000 km plus loin, je vous assure ça déclenche de vraies anxiétés). Là, je vois toute une foule de gens qui regardent les gens sortir, le regard perdu. J'aperçois mon nom sur un carton. Le pick up service promis par l'Université d'INHA est au rendez-vous. Ouf ! C'est pas que visiter tout de suite la ville à peine arrivé m'aurait déplu, mais avec le décalage horaire et le manque total de sommeil (en classe éco s'il y a des gens qui arrivent à dormir, qu'ils me donnent leur truc je veux savoir !), la valise de 20 kg tous ronds dans les mains, la méconnaissance absolue de la ville etc ... Je pense pas que j'y serais arrivé cette fois. Bref, j'arrête mon groupie du jour (un type qui tient une pancarte avec votre nom dessus, il y a de l'idée non ?),  qui au passage a eu l'amabilité de m'arracher ma valise des mains pour la traîner à ma place, pour aller faire un tour au bureau de change. J'avais une petite idée de ce que vallait la devise coréen (le won, un W barré dans le sens de la largeur), cela ne m'as pas empêché d'halluciner. Je suis reparti du guichet milionnaire pour la première fois de ma vie. Il faut savoir qu'un euro vaut 2000 Wons tout de même. Au passage le nom de leur monnaie me fera toujours sourire. Des wons, ou des gagnés en anglais. Quand on perçoit son salaire en Corée du Sud, on gagne donc des gagnés, quoi de plus logique ? Bref, je ressors avec une liasse de 100 billets, une vraie, la première que je touche de ma vie. Oui parce qu'il faut bien préciser que là bas, le plus gros billet vaut 10000 wons, en effet, l'équivalent de 5€. On fait vite exploser son porte-feuille là bas je suppose. J'arrive alors au taxi. J'ai dès lors une impression étrange. La route est totalement dégagée, pour autant les gens attendent tout de même que le feu piéton passe au vert. Le fait que je le remarque est très certainement du à mon préjugé (oui le mot est laché, oui je suis venu avec des préjugés, mais autant se le dire, on en a forcément, par définition même) des asiatiques comme étant des gens disciplinés, néanmoins je ne sais pas si cette scène pourrait avoir lieu là d'où je viens. 

J'embarque, là le chauffeur de taxi me met suffisamment en confiance pour me pousser à lacher mon premier mot en coréen : "Hanni hasséo", ou bonjour. J'ai beau l'avoir connu avant, je n'ose pas. Même une semaine et un jour après. J'ai toujours mon mini-livre pour apprendre le coréen sur moi, parler le coréen en voyage de chez harap's, je me permet de faire de la pub car il est vraiment très bien fait (merci beaucoup paraiiiiiiiiiiiiiin !!) et si vous avez besoin d'apprendre la langue un jour, je vous conseillerais modestement de commencer par là. Perso, rien qu'avec celui-là, j'ai étonné tous les coréens à chaque fois que je lisais des inscription en hangeul (leur alphabet). Néanmoins, je n'arrive pas à passer le cap de me servir de ce que j'ai appris dedans. Trop peur d'être ridicule. C'est vrai, utiliser une phrase alors qu'on l'a jamais entendue de la bouche de qui que ce soit, ca met vraiment pas en confiance. Ceci dit, pour en revenir à l'alphabet, par rapport à ce qu'on peut trouver dans les pays environnant, il est particulièrement agréable à apprendre, et en une après-midi, vous saurez surement déchifrer n'importe quelle inscription en coréen. Quand à savoir la signification, là je pense que je vais beaucoup beaucoup souffrir. Je suis arrivé tout penaud avec la certitude que mon anglais correct me permettrait de m'en sortir dans toutes les situations. Loin s'en faut ! Les coréens ne sont pas à l'aise du tout en anglais. En fait, à partir d'un certain âge, très peu de monde le parle. Dieu merci les jeunes le baragouinent. Et au final, avec le recul, pour une langue qui n'a vraiment rien en commun (ni structure, ni mots qui se ressemblent, et encore moins d'influences communes), je suis plutôt admiratif des asiatiques qui parlent anglais, et je me souhaite vivement de pouvoir un jour parler coréen aussi bien qu'ils parlent anglais.

Sur le trajet, je fais connaissance avec l'une des trois premières villes du pays (2,5 milions d'habitants intra muros ... encore loin de Séoul et de ses 10,5 milions) et qui sera mienne pour à priori un an et demi. Qu'on se le dise, Incheon n'est pas une belle ville. Il s'agit plus d'une annexe portuaire et industrielle à Séoul. On m'a d'ailleurs confirmé à plusieurs reprises qu'il y avait des problèmes de pollution dans la ville. Il suffit de voir les gens se balader avec un masque sur la bouche (même s'il ne s'agit là que d'une minorité de personnes agées). Je passe donc au milieu des zones industrielles et des forêts de grues qui jallonnent la première partie notre escapade en taxi qui doit m'emmener au dortoir n°2 d'INHA. Les habitations et les commerces commencent alors à poindre. Les petits restaurants coréens me font déjà saliver. Je regarde partout autour de moi et je n'en crois pas mes yeux. Néanmoins il faut se rendre à l'évidence. Tout ceci ne ressemble en rien à ce que je connais. L'entassement saute aux yeux. Les tours grimpent. Les trottois sont inexistants afin de gagner de la place. Les habitations sont serrées serrées. Et là évidemment c'est à toi que je pense Gilles. Quelle injustice ! Toi qui a été à l'origine de cette situation, toi qui m'a maché tout le travail des démarches et des remplissages de formulaires en ligne, toi qui était si enthousiaste à l'idée d'aller se réinventer à l'autre bout du monde, tu n'es pas à mes cotés à cet instant précis. Tout ca parce que vivre à Paris c'est trop cher et parce que y trouver un logement c'est un parcours du combattant. Les circonstances auront eu raison de toi. Mais comme je te l'ai promis je vis la situation à 200%. Voire à 800 comme le diraient certains. 

Enfin nous arrivons à destination au dortoir après tout de même un petit trajet d'une heure quasiment. Je passe à la réception, signe quelques papiers, anglais de rigueur, et là je commence à prendre conscience de ce niveau d'anglais peu développé en fin de compte. On me donne deux choses avant de m'envoyer à ma chambre : une clé et un cable réseau. Je trouve que ça annonce la couleur ! J'arrive à ma chambre de 4. Je remarque bien qu'il y a des occupants en voyant les 3 autres lits. Néanmoins ils ne sont pas présents pour le moment. La chambre a l'air tout confort : un lit tout ce qu'il y a de plus honnorable, un bureau tout à fait convenable (plus que celui que j'ai à la maison encore), la chaise de bureau qui va avec, la prise réseau individuelle qui me sera indispensable pour donner de mes nouvelles vers la France. A priori tout y est. 

Je vide donc ma valise, et je me met en recherche du bureau du responsable RI avec qui je dialoguais par mail depuis 3 semaines, car oui, cela fait 3 semaines que je sais avec certitude que je vais me retrouver ici. Quand je pense à ce que j'ai du accomplir dans ce laps de temps, je suis encore plus heureux d'être ici, et cela relève du miracle qu'il n'y ait pas de problèmes majeurs. Ceci dit, forcément pour nous français, pour qui il faut de Novembre à quasi Février pour faire refaire une carte vitale (j'avoue, il y a particulièrement eu des soucis avec la mienne), cela parait incroyable, mais il faut savoir que les lenteurs administratives ne sont pas tellement de rigueur au pays du matin calme. Au contraire, l'adaptabilité et les règlement des problèmes avec un maximum de bon sens semblent plutôt être de rigueur. Chose qui ne me déplait pas, ayant toujours été d'un naturel à vouloir arranger les choses au maximum. 

Et là je comprends autre chose tout à coup : pour commencer le dortoir fait dans les 12 étages. Je ne les avais pas encore remarqué mais il y a la bagatelle de deux terrains de foot sur la gauche en sortant du dortoir. Je commence à me ballader sur le campus à la recherche du bâtiment principal (la maison de l'université + la maison de l'étudiant locales). Je passe au milieu de multiples bâtiments, et pas juste deux ou trois, il y en a vraiment dans tous les sens, et le moindre fais toujours au minimum 6 étages. Je précise qu'évidemment ils appartiennent tous au campus. Et je suis donc perdu pour la première fois. Et ce sans sortir du campus. Perdu dans un campus, cela me fait halluciner. J'arrive à un bâtiment à l'architecture sublime, avec une bonne dixaine d'étages, j'en déduis que c'est forcément le bâtiment principal. Mais rien n'y fait, je suis en fait à la bibliothèque. Au bout d'une demi-heure, je finis finalement par trouver le bâtiment principal. Au niveau superficie, je pense que l'on peut prendre la maison de l'étudiant et la maison de l'université et étendre sur 6 étages. Je met donc un peu de temps avant de tomber sur l'international center où m'attend le responsable RI. En me voyant rentrer, il paraissait évident qu'il m'attendait. Nous discutons donc des détails administratifs à régler, et là il me présente celle qui sera mon ange-gardien sur le campus. Insuk. Il s'agit en fait de ma "buddy student", élèves volontaires pour nous aider dans nos tâches de tous les jours. Je ne sais pas s'il y a d'équivalent à l'UHA, mais si ce n'est pas le cas, je crois que c'est quelque chose à développer vite. Pour résumer, elle m'a aidé :
  • A ouvrir un compte sur place (après à peu près une heure d'attente à la banque)
  • A rencontrer le bureau de la graduate school of engineering
  • A rencontrer mon prof tuteur
  • A faire les courses sur place (des draps de l'eau, ... ca peut aider)
  • A manger le premier soir
  • A faire des photos d'identité dans un studio photo où personne ne semblait parler anglais.
  • A m'enregistrer en ligne pour les cours que j'ai choisis
  • A savoir où manger le midi
  • A faire tout un tas de démarches (services d'immigration, ...)
  • j'en oublie forcément ...
Le tout jusqu'à 20h00 le premier soir alors qu'elle a la bagatelle de 2h00 de trajet pour un simple aller entre chez elle à Séoul et INHA et en français s'il vous plait (alors que j'ai toujours considéré le français comme étant la langue la plus compliquée à apprendre en Europe avec l'Allemand, mais pour l'allemand c'est totalement hors de toute objectivité). Donc Insuk, à l'heure où j'écris nous sommes le 11 Mars, c'est donc ton anniversaire, donc joyeux anniversaire à toi, tout le bonheur possible, et merci, merci merci infiniement pour toute l'aide que tu m'as apportée, avec faut-il le préciser, un sourire inébranlable et une bonne volonté de tous les instants.

Au menu du soir : escalope de porc à la japonaise (même si je ne le sais pas encore), ce qui veut dire pannée, mais avec une panure différente, que je trouve bien meilleure que chez nous, riz au légumes, car dorénavant, un repas sans riz, ça sera comme un  repas sans fromage ou sans pain en France, une coupelle de légumes dont personne n'a toujours été capable de me traduire le nom, et ... une coupelle de kimchi. Il s'agit de légume pour les non initiés. Ils sont couverts d'une espèce de sauce rouge. En bon européen que je suis, je pense immédiatement à de la sauce tomate. Je me précipite, innocemment. Bien mal m'en a pris. Je viens de faire connaissance avec le poivre rouge coréen. Peut-être l'épice la plus aggressive au monde ! Oui, il va falloir que je m'y fasse. La nourriture coréenne en use et en abuse de cette épice à peu près autant que nous avec le sel. Sauf que pour le coup, au moins, c'est bon pour la santé. Comme les 3/4 sinon les 9/10 de la cuisine coréenne. Cela ne m'empêchera pas d'apprécier fortement mon repas. Malgré le coté pas très traditionnel (mis à part le kimchi), je sens clairement un coup de neuf. Quelque chose de différent, et qui fait toute la différence. 

Fin du repas, je rentre péniblement au dortoir parce que chargé de 12kg d'eau minérale pendant bien 20-25min de marche, je dis au revoir à Insuk pour aujourd'hui, la remercie (mais inutile de préciser que je ne la remercierais jamais assez) et vais m'effondrer péniblement dans ma couche, après avoir pris soin de faire brièvement connaissance avec mes camarades de chambrée. J'ai néanmoins eu le temps d'avoir un apperçu de l'effet du "I come from France" dans leurs yeux. Magique. Mais ceci ainsi qu'énormément d'autres choses (oui Etienne, les coréennes aussi) vous seront contées dans la suite de ce blog, que j'espère florissante. J'avoue avoir eu l'angoisse de la page blanche pour ce post, je pense l'avoir surmontée ^^. Et je remercie infiniement les courageux qui ont lu jusqu'ici. C'est ainsi que se termine l'introduction de mon aventure incroyable à l'autre bout de la terre. 

감사합니다

8 commentaires:

  1. Merci Nicolas, je suis très touché sincèrement. En plus, c'est très bien conté et j'ai d'ores et déjà envie de lire ta prochaine news !

    Enjoy !

    Komawo,

    Gilles.

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  2. Rhalala bonhomme!

    D'ici on sait toujours pas comment tu as fait pour oser le faire! Mais bon apparemment c'est "totally worth it" donc voila je n'espère qu'une chose c'est que tu vas t'y plaire (que tu t'y plais déjà) et que de ton coté tu ne te pose pas toutes les questions existentielles qu'on a nous ici (la mi-mars approchant tout le monde commence à sortir les CV tout doucement).

    Have fun et puis au prochain post!

    Eric

    PS si tu veux voir la vie dans mon entreprise ça te prendra 30 secs dans la journée:
    http://irrecuperable.stripgenerator.com/

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  3. Yeaaaaaaaah :D La grande aventure commence ! Un nouveau pays, une nouvelle culture, nouvelle bouffe, gagner des gagnés :D....Content de lire ton blog en tout cas. Je te souhaite plein de bonnes choses au pays du matin calme msieur Nicos.
    Hâte de lire tes prochains posts :)
    Et si t'as l'occasion de faire des photos, n'hésite pas, mitraille !

    A pluch msieur !

    Mick

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  4. ah et puis si jamais l'album d'Indochine est magnifique je sais pas si tu l'as écouté mais c'est une tuerie!

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  5. Ah la la, ce blog commence plus que bien et je vais devenir fan je crois :D
    Sérieux, t'as tout décrit en détails et tout...
    Pareil que Mick: je veux des photos... tant pis si c'est industriel (matin calme vraiment ? avec de l'industrie partout ? :D) mais qu'on voit où tu habite, la vue de ta fenêtre,ou tu manges et aussi perso: CE QUE tu manges :p ... exemples non-exhaustifs ;)

    Et nan, l'allemand, c'est pas tellement compliqué, je suis en Allemagne depuis un mois et ici au moins, ils parlent anglais :p... logique -_-'
    Mais on voit bien que leur grammaire pourtant si compliquée est... hum... un peu inutile puisqu'ils comprennent très bien ce que je dis alors que je suis un rebel de la grammaire allemande ^^.

    @+ pour le prochain post que, je répète, j'ai très hâte de lire :)

    et tiens, cadeau comme tu as accès au net sans trop de soucis: un petit article wikipedia qui te plaira peut-être :):
    http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quipe_de_Cor%C3%A9e_du_Sud_de_hockey_sur_glace

    enjoy :D

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  6. Un ptit commentaire pour dire que je suis passé par là . Question aux programmeurs:comment bouge la ptite flèche sur l'écran ? réponse en gros plan ici : http://2006.1-click.jp/ ^^

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  7. heu l'adresse = sans les ^^ pour les neuneus

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